Transjurassienne

Une première vraie Transjurassienne avec la distance légendaire de 76km sur le tracé historique entre Lamoura et Mouthe.


Le siège de l’organisation de la Transjurassienne est à Morez dans le Jura. J’y arrive enfin samedi à 15h30 après un voyage pénible coincé dans les bouchons entre Bâle et Bern pendant près de 2 heures et un mini-accrochage avec un Allemand.

Là, je récupère mon dossard avec mon bonnet bleu (faisant concurrence à notre bonnet noir des Drayes Blanches devenu un emblème !) et fait un tour rapide des stands des sponsors ( Swix, Ficher, Salomon, Toko…). Ce matin, à Lamoura, il faisait -13°C sur le site de départ de la course et mes gants de vélo que j’utilise pour skier sont troués. J’en achète donc une paire profitant d’une ristourne.

Je reprends la route pour rejoindre mon gîte à Mouthe sur le site d’arrivée de la course.


Je trouve le Chalet de la Source au bout d’une rue sans issue, départ des pistes de skis de descente. L’endroit est sympa. J’arrive en même temps qu’un autre coureur Alsacien et on nous montre les dortoirs. Je repars ensuite repérer le départ des bus pour le lendemain. Je veux que tout soit au point ce soir pour éviter tout stress inutile.

Nous passons une agréable soirée. Je suis à table avec le coureur Alsacien et un coureur du 54km et sa femme venus du Vercors. Le reste de la table sont des gens de passage qui font la traversée du Jura à ski. Les sujets de discussions ne manquent pas allant du ski de fond au trail en passant par le ski à roulette.

L e matin, je me lève avant 4 heures sans réveil. Malgré qu’elle fût courte, j’ai passé une très bonne nuit. Nous déjeunons tranquillement à côté du poêle à granule qui crépite avant de prendre la voiture pour faire les quelques kilomètres jusqu’au départ des bus, pas loin de la ligne d’arrivée à Mouthe. Je charge les skis dans la soute. Nous ne partons finalement que vers 5h45 ce qui n’est pas plus mal. Cela nous évite d’attendre trop longtemps dehors sur le site de départ. J’ai souvenir d’avoir eu froid sur l’édition 2008 en attendant de partir. Je teste d’ailleurs de la crème de préparation à l’effort dans le froid qui se révèle être vraiment agréable. Je n’ai pas commencé à skier que mes cuisses me brûlent déjà !

L’organisation nous a aussi donné un grand sac plastique avec notre numéro de dossard dessus. J’y dépose mes affaires et je l’amène vers les camions prévus à cet effet. Je retrouverai ainsi mes affaires à l’arrivée pour une bonne douche chaude !!!

Avec plus de 2000 coureurs, le départ est donné en 4 vagues. Les départs des 1ère, 2ème, 3ème et 4ème lignes se sont respectivement à 8h30, 8h35, 8h40, 8h45. Grâce à mon classement en 2008, je pars en 3ème ligne. J’ai un peu froid aux mains mais ça va.

Au coup de feu, suivant les instructions du speaker, nous faisons tous de la poussée simultanée sur les premiers mètres pour éviter les chutes. Je pars vraiment doucement. Je ne cherche pas à doubler évitant ainsi les efforts inutiles et la chute qui fait perdre beaucoup de temps.

Je ski donc tranquillement toujours vigilant aux signaux et alertes de mon corps. Tout va bien, mais bientôt arrive le premier rétrécissement. Je ralentis et suis pratiquement à l’arrêt. Nous sommes disciplinés et naturellement 2 files se créent. Ca ne sert à rien d’essayer d’aller vite. Je me repose donc en montée ce qui n’est pas plus mal!

Après ce qui me semble être seulement 5 min de course des coureurs de la 4ème ligne me doublent. En regardant leurs cuisses, qui doivent être 2 fois comme les miennes, j’ai compris. Pas de doute en ski de fond il faut de la puissance !

Je surveille aussi ma glisse. Alors que beaucoup amène leur ski à farter en magasin spécialisé, j’ai préparé les miens moi même d’après un DVD ! Je suis rassuré, je glisse aussi bien que d’autres voir mieux. Plus tard, dans une descente, un coureur me double doucement. Ok, mon fartage est pas mal mais peux mieux faire. Les skis doivent aussi jouer.

Peu après je rattrape des coureurs de la 2ème ligne ce qui est bon pour le moral. Je saute un premier ravitaillement, et avant de m’en rendre compte je suis déjà aux Rousses. Incroyable, ils ont tracé une piste au cœur du village. Je passe, en ski, devant l’office de tourisme puis un bureau de tabac ! Je saute le 2ème ravitaillement.

J’arrive ensuite à la montée mythique de l’Opticien. Je suis arrêté aux pieds. Il y a carrément des organisateurs au milieu des 2 colonnes de coureurs qui font la circulation ! L’ambiance est digne du Tour de France avec des gens de pars et d’autres de la piste. Sous la banderole ils ont tendu au dessus de la piste une corde portant de grosses cloches. En tirant sur la corde, ils nous font une ambiance d’enfer !

Le haut débouche sur une vaste plaine. Alors qu’au départ le ciel était voilé avec quelques flocons maintenant le soleil est là illuminant les rares cristaux restant dans l’air. C’est superbe. C’est réellement un vrai plaisir de skier. Le parcours est magnifique et justifie à lui seul une participation à cette énorme fête du ski de fond. Je prends mon rythme sur cette partie relativement plate. Ça me semble un peu long. Je double et me fait doubler par des coureurs avec un dossard commençant par 5 et comprend qu’il s’agit de concurrents du 50km.

Alors qu’on double un dossard en 3 chiffres, le coureur à côté de moi l’encourage. C’est un ambassadeur qui a fini 13 Transjurassienne et qui est parti avec les premières lignes. Respect.

J’aperçois l’église de Bois d’Amont et passe une portion délimité pour un sprint intermédiaire comme au Tour de France. Il y en aura plusieurs régulièrement répartis sur le parcours.

Je décide de m’arrêter au ravitaillement pour manger un peu. J’apprécie la boisson énergie chaude et rempli ma gourde. Ca permettra de la dégeler ! Suis ensuite une boucle qui revient sur Bois d’Amont. Cette portion est grandiose mais les possibilités de doubler sont rares. Je suis donc en dessous de mon rythme ce qui me permet de récupérer et digérer avant la terrible montée du Risoux après Bois d’Amont. J’ai l’impression d’une vraie balade de santé mais je dois rester concentré. Cette fois je saute le ravitaillement et attaque la montée. Je me sens super en forme. Ici encore, nous sommes encouragés. Certain ont amené le journal avec la liste des dossards ce qui leur permet de crier nos prénoms alors que nous passons ! Dès que je peux, je double, souvent, assez facilement. Devant moi, sur la file de gauche, un coureur ne suit pas et il n’y a personne devant lui. Sans faire exprès, je lui accroche le bâton. Ippon ! Sa chute est magnifique. Il n’est pas content mais tans pis. Il n’avait qu’à se mettre à droite. Après tout c’est quand même une course même si l’ambiance entre nous est bonne et on se fait souvent des politesses en se laissant la place pour se mettre dans le rang lorsqu’il y a des ralentissements.

J’arrive rapidement au Chalet des Ministres, point culminant de la course (1237 m). Dans la descente vers Bellefontaine, je ne freine pas me disant que la piste doit être parfaite. Erreur, une épingle à cheveu avec de gros tas de neige me fait tomber la tête la première. Furieux, je regarde les bâtons puis mes skis. Ouf, rien de cassé. Je me relève en cherchant mes gourdes et c’est alors qu’un autre coureur me rentre en plein dedans. Boum, je suis de nouveau par terre. Je repars me disant d’aller plus doucement car sans parler des risques de casses et de bobos, je me suis refait doubler par des coureurs qu’il va falloir que je dépasse à nouveau. Mais en fait ça me fait sourire, une bonne gamelle ça fait parti du ski et 2 min plus tard tu repars, ce n’est pas comme un accident en voiture !

Les kilomètres défilent sans que je m’en rende compte. Je me sens bien mais, de crainte d’un coup de « moins bon », prends encore le temps de prendre un gel et de boire correctement.

Vu ma forme, je commence à y croire bien avant ce que je m’étais dit, dès la borne des 25 kilomètres restants. Je m’arrête encore au ravitaillement à la Chapelle des Bois, le premier m’avait tellement fait du bien. Et je n’ai pas l’habitude de gérer un effort aussi long et intensif sans parler du froid qui nous bouffe aussi des calories. Je commence à sentir sérieusement la fatigue mais j’ai l’impression d’être, en général, toujours plus en forme que les concurrents autour de moi. Je m’encourage « Go for it » ! Je skis avec beaucoup de 1ère et 2ème ligne. Je m’arrête encore au Près Poncet à seulement 13km de l’arrivée. Je me dis que c’est exagéré de s’arrêter si près du but mais tant pis pour les quelques minutes de perdues si ça peux éviter de finir en galère et permettre de profiter jusqu’au bout du bonheur de participer à cette grande course populaire.

Alors que j’aperçois une borne kilométrique au loin je me demande si c’est la 3 ou la 2. Surprise, il ne reste en fait qu’un kilomètre. J’ai loupé la borne 2 !

Je choisis le couloir du milieu pour passer sous la banderole d’arrivée en 5h24 en 997ème positon. Alors qu’on me fait signe d’avancer, je me retourne écoutant la musique et regardant cette banderole d’arrivée sur fond de paysage Jurassien. Je suis heureux. Je l’ai finie malgré toutes mes incertitudes et très honorablement étant donné ma préparation, mon expérience et ma ligne de départ.

On me remet une médaille et m’attache mes skis. Je dois ensuite les donner et reçois en échange un numéro qui me permettra de les récupérer de l’autre côté. Avec 2000 pairs de skis quasiment identiques ça permet d’aller prendre sa douche et de manger sans avoir à s’en soucier et en évitant vols et échanges involontaires. Le repas d’après course avalé je regagne ma voiture à deux pas et fonce vers le nord-est. Le voyage se passe sans encombre et je suis chez moi à 19H30. Un week-end chargé mais inoubliable !

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