Alpinisme hivernal dans les pyrénées

Cascades de glace et goulottes – Hautes Pyrénées – Gavarnie

Les Pyrénées sont non seulement le berceau de l’escalade de cascade en glace en France mais aussi un massif à l’environnement encore préservé. Cascade de glace, goulottes et couloirs dans un décor 100% naturel !


Vendredi, 18h00, je rends les clés de mon appart. Cette semaine aura été pour le moins mouvementée. Lundi, j’apprends que je suis libéré de mes obligations à Paris. Du coup, j’organise mon départ en plus de mon déménagement. Sympa, Lauranne et Jack me rejoignent pour mes 2 dernières soirées. Je profite de la vie parisienne jusqu’au bout et on sort dans les pubs “british” du quartier de l’Odéon. Ils n’ont pas l’air de craindre les conditions très sommaires dans lesquelles je les accueille. Ca ressemblent plus à du camping qu’autre chose !

Maintenant SDF, je me rends chez Patricia, Morgane et Gérard qui m’héberge gentiment pour la nuit. Ils ont invité Jérôme et Mathieu et on passe une bonne soirée pizza.
Le lendemain, j’arrive à Lourdes en fin d’après midi et pars directement pour un footing très agréable sur les hauteurs environnantes.

Le dimanche, je monte tranquillement au pic de Jer depuis lequel j’ai une belle vue sur la chaîne pyrénéenne. Les gens sont très sympas. Une personne se propose de m’amener au départ du sentier un peu à l’écart de la ville et une dame me propose de faire le chemin ensemble. Malheureusement, je suis plus rapide qu’elle et on se recroisera simplement au sommet.

Mon stage commence lundi matin. Je retrouve Fred et Christophe à la gare. Le guide, Rémi, arrive quelques minutes plus tard. En le voyant, je sens d’emblée que ça va me plaire. Déjà en tenu, il entre directement dans le vif du sujet. En montagne, les conditions sont bonnes et doivent le rester sur le début de semaine. On est tous d’accord pour essayer d’en profiter un maximum. On file droit vers Gavarnie. On s’arrête une première fois pour acheter de quoi manger et une deuxième fois pour que Rémi nous montre un couloir très esthétique que l’on pourrait faire. Je suis impressionné. Il paraît très vertical et la cotation TD- n’est pas là pour me rassurer. Je lui fais confiance, ça devrait passer !
On se change sur le parking et après une heure d’approche on arrive au pied de la voie. (Dopamine IV 4+ 200m). Pas d’école de glace, trop barbant au goût de Rémi. On se lance directement pour quelques longueurs. Il nous en faudra 4 pour sortir sur une large vire au milieu du premier niveau du cirque de Gavarnie. Le cirque comprend 3 niveaux séparés par 2 pentes de neige qui rendent le cirque impraticable dès que de la neige tombe. On redescend par une autre voie (Fluide Glaciale) équipée de spit permettant de descendre plus rapidement en rappel. Le soir, on est très bien accueilli dans le refuge du CAF, La Grange de Holle. C’est une ancienne bergerie et les pieds des bancs ont d’ailleurs été récupérés du mangeoire central. Les repas sont copieux, bons et donc très appréciés par tout le monde.

Le RV de mardi est à 6h00. On a décidé de s’attaquer au couloir repéré la veille. (Soum des Canaus 2 279 m – Couloir Nord-Est / TD-/350m). Ma sunnto m’annonce 381 d’ascension en 4h30. C’est du mixte et les conditions sont bien moins bonnes que la semaine précédente. Il fait trop chaud et les pierres se délitent. En second de cordée, derrière Rémi, je suis obligé de laisser un friend que je n’arrive pas décoincer. Heureusement, pendant que je nettoie le reste de la voie, Fred s’acharne en cassant la moitié du rocher au piolet et le récupère ! Rémi pose pas mal de piton. Je n’avais jamais grimpé sur piton et suis surpris de voir à quel point il est facile de les retirer. Sur la pente de neige finale, je pars en tête avec 50m de corde derrière moi. C’est pas le moment de faire un mauvais pas ! Juste avant d’atteindre l’arête finale j’aperçois furtivement un gypaète au dessus de moi. Je le revois ensuite depuis l’arête planant vers l’ouest. Il fait super beau et on mange un morceau au sommet avant d’emprunter une superbe arête très esthétique. La vue sur Gavarnie est magnifique.

Aujourd’hui, mercredi, réveil à 5h15. Nous avons rendez-vous à Luz-Saint-Sauveur à 7h00. Nous avons décidé de partir pour la vallée d’Ossau. On s’arrête prendre un café à Laruns. Rémi nous raconte qu’auparavant les ours chassés étaient pendus en trophée sur la place du village. Et j’apprends que c’est ici qu’est morte la dernière ours Pyrénéenne.
Nous montons ensuite à Gourette et prenons une première télécabine suivie d’un télésiège. Nous voulions faire la « Super Noire », une ligne esthétique sur le « Rognon de Ger ». Seulement, une cordée, rencontrée au café le matin, nous a devancées. Rémi a repéré une belle voie sur « La Pène Blanque ». Le Rognon de Ger a l’air stable et nous aurions pu essayer de les suivre sans trop de risque de chute de pierre. Pour être plus tranquille, nous préférons essayer la voie sur « La Pène Blanque » malgré qu’elle soit moins grandiose. En une demi-heure de marche nous atteignons le pied de la voie à 2400m. Cette fois, je passe en dernier et dois donc nettoyer la voie. C’est sympa aussi d’être le dernier. On ressent plus la progression de la cordée. Je nettoie tout et laisse dernière moi un terrain vierge tout en gagnant peu à peu de l’altitude. Nous travaillons encore un peu l’autonomie sur cette voie relativement facile. En haut, nous sommes aux premières loges pour admirer le pic du midi d’Ossau. Rémi nous passe en revue les différents sommets : Balaïtou, Palas, le pic d’Ariel, tout y passe. De retour à la Grange du Holle, nous apprécions encore une fois la bonne cuisine du gérant : Garbure, Poulet à la crème et aux champignons, fromage, gâteau au chocolat et sa crème anglaise.

Jeudi, nous quittons la Grange du Holle pour deux jours dans le cirque de Troumousse. Un arrêté préfectoral interdisant l’accès en voiture pour risque d’avalanche, nous montons à l’auberge de Munia de Héas à pied en 1h30. Nous déposons un peu de matériel et 1h00 plus tard, j’attaque, en tête, une première longueur de glace. Tout se passe bien. Confiant, j’encre mon piolet droit, c’est alors qu’un gros bloc de glace se détache et me tombe sur le coin de la figure. Une chance que j’avais mes lunettes et à l’heure ou j’écris ces lignes j’ai encore une trace sur le nez ! Je fais une seconde longueur en tête facile avant d’installer un relais autour d’un gros bloc de rocher sur un terrain presque plat. Pour le reste de la montée, je cède ma place. Nous sommes à l’ombre et j’ai froid aux pieds. Nous débouchons en haut à 15h00 et apprécions un morceau de fromage de brebis local acheté le matin même au soleil. De retour à l’auberge, le gérant nous fait une visite de la chapelle détruite par l’avalanche du 23 janvier 1915. Au coin du feu, la discussion de ce soir tourne autour de l’environnement. A un moment, on en vient à parler du tunnel pour le fret qu’ils veulent creuser sous les Pyrénées. Le débat est animé. Rémi pense qu’ils ne se soucient guère de la vie locale et des conséquences que cela peut engendrer. Par certains points, il doit certainement avoir raison.

Pour ce dernier jour, nous partons à 7h20. Il ne fait pas très froid et la neige risque d’être lourde et profonde. Nous avons quand même décidé de monter à Pène Blanque. Ce n’est pas difficile mais il y a beaucoup de marche. J’ai voulu y aller pour profiter un maximum de la montagne et du point vue qu’il semble offrir. C’est dur. Nous passons tour à tour devant pour faire la trace. Sur la fin, dans une pente à 50°, je suis devant et travail dur souvent à quarte pattes dans la neige. Nous nous arrêtons finalement à la brêche avant Pène Blanque car nous avons pris du retard. Ces 1300 m de dénivelé n’aurons vraiment pas été facile mais la vue sur l’Espagne est une réelle récompense. A la descente, je me retrouve un moment seul et, secondé par mon GPS, je suis un ruisseau qui me ramène directement à la route. Nous prenons un dernier verre avec le gérant avant de redescendre aux voitures le long de la route. On se fait déjà des tas de plans sur la comète pour cet été !!!

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