Transju’trail

Le retour de la Transjurassienne de Mouthe à Lamoura en 70 km et 2500 D+.


Alexandra et moi arrivons à Morez vers 13h15 pour récupérer nos dossards. Je me dirige vers les locaux de la Trans’Organisation comme pour la Transjurassienne en février dernier mais c’est désert. Nous décidons donc de faire un tour dans Morez en attendant et tombons tout de suite sur l’organisation de la Transju’trail avec ses différents stands partenaires installés sur une place. Il est clair qu’ils s’appuient clairement sur le prestige de la Transjurassienne pour faire la promotion de la Transju’trail. Alexandra prend son dossard pour le 34km et moi celui pour le 70km sans oublier notre beau débardeur jaune Craft et notre gobelet. Aucun gobelet ne sera distribué au ravitaillement, écologie oblige.


Nous passons finalement une bonne partie de l’après midi ici à faire le tour des stands, subir des tests (Myotest et évaluation de la masse graisseuse) et siroter un verre en terrasse du bar à côté. Nous rencontrons aussi les membres du team Raid Light dont fait parti Alexandra.


Nous partons ensuite vers le site de l’arrivée de nos 2 courses, Lamoura. Nous montons nos tentes et nous installons en face du lieu de RV des bus de ramassage dans un joli coin d’herbe à côté d’un camping car. Nous serons rejoins par la suite par d’autres camping-cars et 2 autres tentes, certains coureurs préférant dormir dans leur voiture. Alexandra passe un bon moment à installer sa tente qu’elle a en test pour Raid Light. Nous faisons un tour du lac et pataugeons même un peu. C’est un endroit magnifique et l’idée même de basculer dans cette combe superbe avec en point de mir la grande arche jaune me donne une motivation supplémentaire pour terminer mon grand défi du lendemain.


Le bus étant à 3h30, je me lève à 2h50 et démonte ma tente sans faire de bruit. Précaution inutile, des coureurs se garent tout autour de la tente d’Alexandra. Elle va se demander ce qui se passe en se levant au milieu d’un tas de voitures ! Je déjeune dans le bus. En arrivant à Mouthe dans le gymnase c’est la cohue habituelle avec des coureurs partout qui se préparent. Je me pose dans un coin et réuni mes affaires dans le sac que l’organisation me transportera à l’arrivée.


Le départ est donné à 5h30. Je pars doucement. Je veux arrivée relativement frais à Morez, la moitié du parcours, un gros ravitaillement et le point de départ du 34km. Je trouve un petit rythme tranquille. J’ai l’impression de découvrir ces paysages du Jura de hauts plateaux, monts et forêts rythmés au son des clarines. Nous remontons le tremplin de ski de Chaux Neuve le long des marches. Nous passons près d’un parc polaire où les chiens font un boucan d’enfer ! Original comme ambiance ! L’ascension vers la Roche Champion et la Roche Bernard se passe bien.


Après Bellefontaine, je trouve difficile la crête des Trois Commères en direction de Morbier. Une grande partie est en forêt et ça n’arrête pas de monter et descendre. J’ai bizarrement un problème digestif et j’ai vraiment du mal à manger. Résultat je n’avale rien avant pratiquement 3h de course, bien plus tard que d’habitude. A Morbier le speaker me souhaite la bienvenue au village et m’encourage à me ravitailler mais je sais que j’ai assez pour tenir jusqu’à Morez.


A 9h10, dans la vallée de Morez, les célèbres viaducs se dressent devant moi ainsi qu’une belle butte. Un coureur me dit qu’on y monte. Il était dans l’organisation l’année passée et a fait, comme moi le parcours en sens inverse en février. Je pense que ça doit être la montée qui suit Morez mais pas du tout ! C’est le belvédère de la Roche au Dade que nous montons et redescendons rien que pour le plaisir !


J’arrive à Morez à 9h40 bien plus fatigué que prévu mais avant le départ du 34km, donné à 10h, ce qui m’évite les bouchons. Le ravitaillement, installé sur la place principale, est impressionnant. Nous avons une partie délimitée avec les spectateurs de l’autre côté de la barrière. Ici encore je suis annoncé au micro !


J’aborde calmement la montée de la Roche Brûlée. Je ramasse un bout de bois qui me sert de bâton. C’est vraiment pentu. Ca n’en finit pas. Les spectateurs nous annoncent la fin mais non, 100m de faux plat descendant et ça remonte encore. Ca devient très dur. Moi qui m’attendais à un parcours roulant ce n’est vraiment pas le cas! Je dois me motiver pour relancer et courir en haut de chaque montée. Je suis épuisé. Nous traverserons ensuite le village des Rousses pour rejoindre l’ancien fort militaire avant de plonger vers le Bief de La Chaille.


Je me fixe Prémanon comme objectif et on verra. Soudainement je comprends ce qui cause mes problèmes digestifs. Le gobelet fourni par l’organisation pour les ravitaillements ne tenait pas sur mon sac et le seul endroit que j’ai trouvé pour la caler c’est de le glisser dans mon short. Mais l’élastique et donc plus serré et m’appuis sur le ventre. Je l’enlève et je sens vite que ça commence à aller mieux. Quelle erreur grossière ! C’est toujours aussi dur. J’arrive à Prémanon me ravitaille et me pose pas trop de question. Je repars. Ma douleur dans le dos commence à me gêner un peu. Rien de grave! Ca devient un peu plus facile. Je n’en peu plus mais je lève la tête – c’est magnifique. Je me remotive une fois de plus. C’est dans la tête, allez !


Avec un groupe d’une quinzaine de coureurs nous nous trompons et dévalons un chemin jusqu’à la route. Un problème de balisage. J’arrête une voiture et on me dit de remonter la route et reprendre droite. Incertain de l’itinéraire je me dirige dans la direction indiquée. Après 5/10 minutes je retrouve le chemin vers la forêt du Massacre mais nous avons loupé un point d’eau. Nous serons peut être disqualifiés. Pas grave, je l’aurais fait quand même!


Suis alors une montée super raide dans un champ (genre piste rouge d’une descente de ski!). Le gars devant moi n’en peut plus. A un moment je le vois même ralentir tellement qu’il est à l’arrêt. Je suis mort et me demande comment je peux encore avancer. En haut au Chalet des Auvernes, un gars nous dit de prendre à droite puis de basculer sur la Combe du Lac. J’y crois pas beaucoup mais en effet, après un court passage le long d’une crête j’aperçois le lac avec la banderole en contrebas. J’essai de me remémorer le parcours et d’après mes souvenirs il n’y a pas de grande boucle avant l’arrivée. Euphorique je trace droit vers la combe. Mon manque de lucidité me fait louper le chemin à gauche. Une chance qu’un coureur derrière moi me crie de le prendre. Nous nous dirigeons vers un beau plateau sur la gauche que nous suivons sur quelques kilomètres. C’est facile, un vrai tapis vert et bientôt on bifurque à droite. Ca y est j’entends la musique et le speaker en contre bas. L’arrivée comme prévue est merveilleuse.


Je grignote quelques bricoles et m’affale un moment dans l’herbe. Ca aura été vraiment dur et j’ai fait une bonne partie après Morez au moral. Il aura fallu attendre les tous derniers kilomètres pour que j’entrevoie l’idée de pouvoir finir.


Je vais à la douche dans une chambre privée du village vacances et goute à la tartiflette heureux d’avoir bouclé la boucle Transjurassienne – Transju’trail dans une si belle région.

  • Transju’trail : 15ème / 212 finishers – 7:44:09 – 45 abandons
  • Challenge Transju 2010 : 38 / 102 finishers – 18:19:58

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