Les Templiers
La légende du trail : 72 km, 3100 D+, pur plaisir et la joie intense de franchir la porte du bonheur !
Aveyron, Causses et Cévennes
Le grand rendez-vous de tous les trailers sur un parcours unique entre Causses et Cévennes et une grande fête pour tous les amateurs de courses natures sur chemins.
Le grand rendez-vous de tous les trailers sur un parcours unique entre Causses et Cévennes et une grande fête pour tous les amateurs de courses nature sur chemins.


Nous arrivons le samedi dans nos chambres d’hôtes dans la bourgade du Caylar, dans l’Hérault. La maison, ancienne bergerie de 300 ans, est pleine de charme. Les propriétaires, un couple belge, l’ont acheté à la famille qui y habitait depuis 4 générations.
Nous ne profiterons hélas pas complètement de la bonne cuisine de peur d’encombrer nos intestins !
Le lendemain nous nous levons à 3h00. Rendez-vous dans la chambre de Régis et Fabien pour un carbo-cake. C’est une première pour moi et je l’avale de bon cœur contrairement aux autres !!! Jo ne finira pas sa part !
Dans la voiture pour rejoindre le départ les plaisanteries (sur le carbo-cake, notamment) fusent probablement pour faire sortir la tension qui commence à monter.
Je craignais le froid mais finalement je ne mets même pas les gants. Je mets mon sac dans la voiture. Ca y est, je suis prêt. J’ai tout ce qu’il faut poche à eau, GPS, sifflet, couverture de survie, gels, dossards, bandeau et ma veste.
On se retrouve vite tous entassés, parmi plus de 2700 traileurs, derrière la ligne de départ. Quelques mots encore du speaker et bientôt la musique et les fumigènes. Je frisonne d’émotions. Ca y est, je suis au départ de la grande course des Templiers !
Bang !! Le départ est donné et le serpent de lumière commence doucement à se former sur les collines au dessus de Nant. Le spectacle est unique.
J’essaie de trouver mon rythme. Je suis agréablement surpris de voir qu’on se retrouve vite dans des sous-bois. Je m’attendais à des chemins arides de pierres tout du long. A 6h00, je profite d’une pente très raide où tout le monde marche pour ôter ma veste et me retrouve en tee-shirt. Ma crainte d’avoir froid le matin est vite effacée. Je n’ai plus que la crainte de ma cheville, fragile depuis 10 jours. Mercredi lors de ma dernière descente de ma dernière séance au seuil et je me tors légèrement la cheville. Bravo, surtout qu’il faisait jour alors que par 2 fois, ma séance de seuil avait fini par une descente dans la nuit durant ces dernières semaines.
Je garde en souvenir le moment où je sors de la forêt. Le soleil se lève sur le Parc naturel régional des Grands Causses. Quel bonheur !
Je passe le premier ravitaillement, à Sauclières, après 13.2 km, sans même recharger ma poche à eau.
La montée du Saint-Guiral passe comme une lettre à la poste et j’arrive à Dourbie après 37 km plus tôt que prévue et en me sentant en pleine forme. L’ambiance, comme m’avait dit Ronan et digne du Tour de France ! Et je suis tout surpris quand les gens m’encouragent par mon prénom. Quelle bonne idée de mettre nos prénoms en grande police sur les dossards. Je voudrais tous les remercier. Je mange un peu de pain d’épice et quelques abricots secs, recharge ma poche à eau et repars. Je ne touche pas au sandwich au Roquefort qui ont pourtant l’air appétissant !
Dans la montée de la crête du Suquet, je double beaucoup. Je me sens bien. Je fais la course à partir de ce moment avec les premières féminines. Je passe d’abord la 6ème et je rattrape bientôt la 2ème avec laquelle je fais la descente sur Trêves. Elle se prend d’ailleurs une belle gamelle juste devant moi ce qui la calmera, selon ses propres termes !
Après Trèves, dans la montée, elle reste derrière mais je commence à sentir la fatigue et je sens une petite gêne dans mes genoux sur le plateau menant à Causse-Bègon. Avec l’expérience de trails précédents, je sais que ça passera dans la prochaine descente. Les paysages des Cévennes sont magnifiques et je prends vraiment plaisir à évoluer sur ces crêtes qui me rappelle la région du Lake District en Angleterre. Le ravitaillement à Causse-Bègon est la bienvenue. Je grignote encore un peu de pain d’épice et abricots avant de me lancer dans la descente de Saint-Sulpice. Elle est longue et technique avec les nombreuses feuilles d’automne qui cachent les cailloux et racines. C’est à ce moment que je passe la malheureuse Béatrice Fanget qui était en chemin pour conquérir à la fois une belle victoire aux Templiers et le titre de championne de France. Allongée, elle nous dira qu’elle attend les secours. En fait, il s’agissait d’une fracture du fémur qui a provoqué sa chute. Elle a été opérée avec l’installation d’une prothèse. C’est alors que l’albijoise Kenza Pédréro arrive derrière moi. Super dynamique, elle se retient à plusieurs reprises sur moi dans cette descente étroite et technique. Je la laisse passer et elle file vers une belle victoire. Une petite glissade dans le ravin me vaut une remarque de derrière : “C’est le métier qui rentre !”
On me dit que la montée de Saint-Sulpice est un gros morceau. En effet, c’est long et je suis bloqué dans un peloton. Après une nouvelle descente, j’arrive enfin à Cantobre. Je repense à Ronan qui m’avait dit que si on arrivait là, on allait au bout. Je commence à y croire. Il reste quand la terrible montée du Roc Nantais. D’après la courbe de dénivelé, il y a 700m de D+ pour monter au Roc Nantais. Après à peine 500m, je suis tout surpris d’être déjà en haut. Il ne reste plus que la descente que tout le monde redoute. Elle est finalement bien plus courte et plus facile que celle de Saint-Supplice même si quelques cordes sont installées pour nous aider à descendre. Toujours hyper concentré par rapport à ma cheville, je me cogne le genou dans les derniers mètres. Rien de grave, juste une belle éraflure.


J’entends à présent la musique et ralentit pour apprécier au maximum ce moment magique et la joie intense de cette arrivée sur Nant et de pouvoir enfin fouler le tapis rouge sous la banderole d’arrivée.
Je l’ai fait. Je suis fier et heureux. Comme mon ombre ce matin même reflétée devant moi par la lueur d’une frontale qui me suit, je me sens grandi !
J’arrive en bon état physique et je me dis que ça n’a pas semblé plus long qu’un 55 km.
Je finis finalement 150ème en 08:39:22 ce qui est bien mieux que ce que je prévoyais.
Jo, Régis et Fabien terminent à leur tour. Le malheureux Ronan a du s’arrêter à Dourbie à cause d’une blessure aux adducteurs.
C’est incroyable, deux jours après je descends les escaliers normalement alors qu’après la Merrel Sky Race (55km, 2400D+), je ne pouvais pas descendre les escaliers sans me tenir à la rampe !
J’apprends à l’instant que Jaja s’attaque au trail. La diagonal des fous, rien que ça ! 3 fois plus long que les Templiers !!! Bon courage !!!
150ème en 08:39:22
















