Stage initiateur – 2ème partie

Après une première partie dans le Val d’Aoste, deuxième partie du stage final pour l’obtention du Brevet CAF initiateur ski-alpinisme dans le Val Ferret.


Obligés de chainer, grillant un feu interminable, James et moi suivons une déviation par un tunnel mal entretenu derrière une déneigeuse. Nous évitions ainsi le col des Grands Montets, trop enneigé, et arrivons directement à Montroc juste avant le Tour ! Que d’aventures pour arriver au centre du CAF alors que cette deuxième session du stage initiateur n’est même pas commencée !


Le lendemain matin, après de gros bouchons, nous laissons la voiture juste avant le tunnel du Mont-Blanc, au parking Cerro. Je monte avec Bernard, Guillaume et Michel pour rejoindre la route qui mène au refuge Bezzi. Mais un guide qui en redescend nous renseigne sur les conditions déplorables là-haut et nous changeons notre plan pour le refuge Bonatti (2025m) dans le Val Ferret. Après un bon bout sur les pistes de ski de fond, je commence la trace dans cette neige profonde qui ne nous quittera pas pendant 4 jours ! Mais que de bonheur en arrivant tout d’un coup au milieu de nulle part sur ce beau chalet en bois, très bien entretenu, complètement recouvert d’une épaisse couche de neige ! A l’intérieur, on ressent la forte influence de Bonatti qui a pu inaugurer le refuge de son vivant et qui y venait régulièrement. Les photos du Népal, de Patagonie et les portraits de Bonatti aux 4 coins de la planète nous transportent dans son univers d’alpiniste mais aussi de reporter et d’explorateur de terres lointaines et d’horizons inconnus.


Etant donné le temps couvert et les grosses quantités de neige nous nous limitons aujourd’hui à une petite sortie et sommes de retour de bonne heure. L’accueil est vraiment excellent. Comme tous les soirs qui suivront, le thé et les biscuits nous attendent en rentrant et le soir, une tournée de Génépi nous est même offerte. Nous profitons du reste de l’après-midi pour « torcher » les exposés. Chacun a préparé un petit topo sur un sujet en particulier qui a pour but d’ouvrir un débat sur des questions comme la préparation d’une course, la faune, la flore, le matériel à emmener en raid, la neige et les avalanches, l’orientation, la gestion de groupe. J’ai pour ma part un sujet sur la prise de décision et la méthode Munter (3 X 3).


Cette journée de dimanche est plus belle. Nous montons d’abord au Pas Entre deux Sauts (2520m) et abordons la suite avec précaution. Le risque d’avalanche doit bien être à 4 sur une échelle de 5. L’accès par le sommet peut se faire par une crête. Il s’agit de ne pas s’engager trop à gauche dans la pente pour éviter le risque d’avalanche et pas trop à droite non plus car une belle corniche borde l’arête. Jean décide d’envoyer d’abord deux personnes encordées. Si l’une d’entre elles tombe, l’autre se balance de l’autre côté. Je me propose aussitôt et me voilà parti en tête, James m’assurant derrière. Je fais des conversions serrées et teste la crête en faisant souvent déborder mes spatules dans le vide. En haut de la Tête Entre deux Sauts, Jean nous fait nettoyer les corniches pour voir s’il est possible de descendre en dessous. Malgré tous mes efforts, seulement le haut de la corniche part sous mes pieds. La sagesse voudrait maintenant le demi-tour mais, pour nous montrer qu’il est possible de se sortir de situations délicates en prenant un maximum de sécurité, Jean décide de nous faire descendre la face nord malgré une pente bien chargée et avoisinant les 37°. Laurent descend le premier, encordé, puis nous suivons tous, les uns après les autres, toujours encordés car la pente ne se décide pas à partir ce qui la purgerait.


4 jours plus tôt, Jean et un de ses clients se sont fait prendre par une avalanche dans la pente qui nous surplombe. Jean a pu se débarrasser de ses skis ce qui lui a permis de rester à la surface. Il a ensuite retrouvé son client sous 2 mètres de neige. L’après midi même, il était remonté chercher son ski pendant 2 heures mais en vain. A notre tour de sonder la neige. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! Toc, toc ! Pas de doute, y’a quelque chose là-dessous. Incroyable, Laurent l’a trouvé ! Je n’aimerais vraiment pas être à sa place car là, il a vraiment eu une chance de … !!!


Une petite barre rocheuse nous sert de terrain pour faire notre exercice de sauvetage en crevasse avec le mouflage « Mariner double » ou 7 fois. Pour supporter le poids de Christian, je fais un premier amarrage avec mes skis en croix mais il ne tient pas très bien. Je creuse et place mon piolet en corps mort mais je me galère pas mal. Ma longe est d’abord coincée dans l’amarrage ensuite, je me rends compte que j’ai perdu ma micro traxion dans la neige. Je m’en sors finalement, mais y’a vraiment moyen d’optimiser tout ça ! Encore un exercice ARVA et nous rentrons enfin au refuge finir les exposés.


Pour cette dernière journée, Joseph et Jean nous laissent carte libre sur l’itinéraire. Ils nous avaient simplement donné un vague objectif la veille pendant la préparation de la course. Nous profitons de notre trace de la veille jusqu’au Pas Entre deux Sauts (2520m). Je ne parviens pas vraiment à me réchauffer les mains, trop fainéant pour prendre mes gros gants dans mon sac. Nous basculons de l’autre côté et nous arrêtons pour discuter ensemble des différentes possibilités. La pente menant directement à la Tête de la Tronche nous semble trop dangereuse dans ces conditions de neige et nous écartons cette possibilité pour préférer l’arrête Ouest. Nous descendons jusqu’en bas, repeautons et remontons et nous arrêtons à nouveau sur un replat d’où nous voyons bien l’arrête. Nous validons ensemble l’option et continuons mais peu de temps après Jean nous arrête. Il est déçu. En nous décalant de 50m lors de notre dernier arrêt, nous aurions eu une bien meilleure vue et aurions pu voir une autre option qui consiste à monter la pente juste à notre gauche pour ensuite suivre l’arête sud. Le dôme en haut de l’arête Ouest semble trop exposé à Jean. Par contre, la pente à notre gauche est tout de même bien chargée mais si elle part, elle n’entraînera qu’une personne qui finira dans une cuvette seulement 100 m plus bas ! Au pire, il perdra un ski !!! Par contre, il faut quelqu’un qui avance. Il envoie Pierre dans le début et moi pour la fin. Cool ! Je suis confiant, la pente a l’air de tenir. Je me méfie des bords qui sont toujours plus fragiles. C’est dur et plus je monte plus la neige est profonde. J’arrive à l’arrête. Après une courte pause pour nous concerter, je poursuis le long de l’arête et arrive au sommet. Quelle vue à 360° ! Nous sommes juste devant la face sud des Grandes Jorasses et du Mont-Blanc.


Après un agréable arrêt pique-nique au sommet, nous entamons la descente. La neige est vraiment dégueulasse à skier. Dans le bas, nous en venons à faire des conversions pour tourner de peur de se faire un genou à seulement quelques centaines de mètres de la sécurité des pistes de ski de fond ! Ils nous manquent un dernier exercice : la remontée sur corde (pour nous sortir d’une crevasse tout seul). Nous trouvons un arbre et faisons l’exercice là !


Après un long débriefing à la micro brasserie de Chamonix, Joseph et Jean, malgré de nombreuses imperfections, nous considérant comme un groupe homogène, nous valident enfin notre brevet. C’était normalement un stage de validation des acquis mais il ne fait aucun doute que j’ai énormément appris tout en découvrant 2 endroits magnifiques.

You may also like...