Alpinisme en Oisans

Stage Montagne de la Terre – Massif des Ecrins

Authenticité est souvent le mot qui qualifie les vallées de l’Oisans. Une semaine de courses dans une nature préservée.

Dimanche : Le départ pour la Bérarde

Vallée du Vénéon
Vallée du Vénéon


Réveil à 6h00 pour voir Alex partir rouler du côté de Saverne. Je déjeune ensuite paisiblement sur le tout nouveau canapé monté à grand mal dans l’appartement à Souffelweyersheim. Avec mon sac de montagne dans le dos et ce qui deviendra mon sac de grimpe devant, je pars pour la gare de tram à Hoenheim. Je rejoins le mini port de plaisance du canal en 5min. Un groupe de cyclo arrive, c’est leur point de rendez-vous. Il est 8h00 et le temps est au beau fixe. Une belle matinée les attend. Je poursuis ma balade le long du canal serein car largement en avance sur l’horaire. Je croise quelques coureurs profitant eux aussi de la fraîche matinale pour faire un peu d’exercice. Largement en avance, je descends à la station “Homme de Fer” et grâce au schéma impeccable d’Alex rejoins à pied la gare de Strasbourg. Sensation étrange, 5 ans après, de revenir au centre ville que je traversais tous les jours pour me rendre à Reding par le train. Mon voyage se poursuit, je change de train à Lyon, prends un premier bus à Grenoble et change à Bourg d’Oisans pour finalement sillonner la magnifique route de la vallée du Vénéon menant à la Bérarde.

On est 6 à arriver à cette heure tardive, 8H30, mais l’accueil au centre du CAF est très efficace et sympa et on se retrouve vite autour de la table pour partager un bon repas. On est tous inscrits à des stages « Montagne de la Terre » mais personne ne fait le même que moi, « Alpinisme Autonomie ». Etrange coïncidence, 2 autres personnes sont de Strasbourg. On parle très vite montagne et comparons nos différentes expériences. J’étais initialement inscrit au stage « Grand Oisans Sauvage » avec pour but la traversée de la Meije mais faute à un désistement, on m’a proposé un stage « objectif autonomie » également de niveau 3. Avec relativement peu d’expérience, j’ai une petite appréhension quant à mon niveau et mes capacités par rapport à celles requises pour ce stage et celles du reste du groupe. Il demande quand même une pratique régulière de l’alpinisme en cordée réversible dans des courses niveau AD, l’objectif étant de devenir autonome dans des courses de niveau D/D+ !

Lundi : La mise en situation

Tête Blanche
Tête Blanche


Serge, Jérôme et Sylvain, notre guide, voilà le reste du groupe. Un 1er tour de table et Sylvain se rend tout de suite compte que j’ai moins d’expérience que mes compagnons. Le temps est menaçant et Sylvain choisit Tête Blanche pour nous évaluer un peu. Etant le moins expérimenté, je m’encorde avec Sylvain et pars d’emblée en tête. Au relais, il corrige ma manière d’installer ma sangle. Ok j’ai compris et je ne me tromperai plus. Je poursuis et tombe nez-à-nez avec des Edelweiss. Je suis tout content aimant à identifier faune et flore sauvage caractéristique de la région dans laquelle je suis. “That made my day”. On fait quelques longueurs et après le repas, je suis le seul à faire la longueur la plus dur car on doit vite redescendre, la pluie commençant à tomber. Deux nœuds de chaises et ma cordelette jaune que je laisserai là haut et voilà notre rappel installé. Le reste de l’après-midi est passé à attendre, en compagnie des autres groupes eux aussi rentrés à cause de la pluie, les derniers bulletins météo pour décider de notre programme pour les jours à venir. Le groupe escalade part dans le Verdon où ils sont sûrs de pouvoir faire des voies à l’abri de la pluie. Le groupe Niveau 2 reste là. Pour avoir des chances de faire un peu de haute montagne, nous décidons de changer de vallée pour celle de la Vallouise où les possibilités et plan B sont plus nombreux avec un temps souvent plus clément.

Le soir, à table, Jérôme me mets sur le cul et me fais rêver. Le Marathon des Sables, 240 km en courant dans le désert en 6 jours et en autonomie. Il l’a fait 2 fois, il y a quelques années !!! Je l’inonde littéralement de questions passionné par ce défi qu’il s’est lancé à lui même. Motivations, entrainements, organisation, ambiance … tout y passe. Il me confie que c’est une entreprise très égoïste. On fait ça pour soi et en tir une fierté, un sentiment d’accomplissement et une joie très personnelle. Mon défi que je prépare pour octobre prochain paraît soudainement bien moindre alors que la grande aventure du trail des Templiers, 72km, 3000m de dénivelé est pour moi un véritable challenge qui me motive réellement. On finit la soirée tranquillement avec quelques parties de tarots.

Mardi : Le Pelvoux

On se met en route pour le centre du CAF de Pelvoux dans le vallée de Vallouise. On s’arrête à Argentière-la-Bessée pour faire une école d’escalade axée “coinceurs” et “artif”. Je n’ai jamais grimpé en artif et très peu sur coinceurs ; c’est donc très sympa et je suis relativement à l’aise, comme le commente d’ailleurs Sylvain, en faisant confiance en mes points d’ancrages. Arrivé à Pelvoux, on fait encore un exercice très intéressant dans la belle salle d’escalade du centre pour nous apprendre à donner du mou au 2nd ce qui n’est pas toujours évident contrairement à ceux que l’on pourrait penser. Pour cette partie je suis largement avantagé par mes parents qui m’ont offert le nouveau Reverso 3 pour mon dernier anniversaire. Ca va tout seul !

Mercredi : Arête de Coste Counier

Coste Counier
Coste Counier


Levé à 5h00, on part pour 2 jours en montagne. L’objectif d’aujourd’hui est l’arête de Coste Counier, une belle escalade en contrefort des Bans. L’itinéraire d’approche est compliqué. Sylvain nous laisse nous débrouiller, cette partie de la course étant bien sûr une partie très importante de l’apprentissage de l’autonomie. Mais le topo n’est pas très détaillé et Sylvain est obligé de reprendre les rennes sans quoi nous serions toujours en train de chercher l’attaque.

Couloir d'attaque de Coste Counier
Couloir d’attaque de Coste Counier


Je m’encorde avec Serge et pars en tête pour la 1ère longueur. Nous fonctionnons en cordée réversible dans ce beau couloir et débouchons sur l’arête. Nous la suivons jusqu’à un col où Sylvain nous indique une ligne de rappel.

Arête Coste Counier
Arête Coste Counier


Nous dévalons ensuite un pierrier pour rejoindre le refuge des Bans après 10h00 de marche et 1350 m de dénivelé. Sylvain nous fait faire une remontée sur corde en préparation de la course du lendemain sur une corde suspendue à l’escalier. Facilement accessible par le sentier, le refuge est assez fréquenté et un petit groupe de curieux nous regarde faire. Les enfants veulent essayer à leur tour et Sylvain se fait une joie de les mettre en situation heureux de partager sa passion avec les plus petits. Il prépare ses futurs clients ! Le soir, on est à la même table que le groupe d’aspirant guide en stage. Ils veulent faire la célèbre voie Giraud dans la face sud des Bans mais abandonne l’idée à cause d’une météo incertaine en fin de journée.

Jeudi : Les Bans

Les Bans
Les Bans


Ayant dû abandonner la voie normal il y a 4 ans, je m’étais promis d’y revenir. L’objectif du jour est donc parfait : les Bans par son arête Sud-est. Cette voie, très peu empruntée, n’est pas dans les topos malgré sa ligne évidente. On se lève à 3h00. L’itinéraire est très varié et alterne marche, glacier, descente en rappel, escalade du couloir qui débouche sur la magnifique arête terminale. Je suis rassuré sur mon niveau, Sylvain préférant même que je passe en tête dans les endroits délicats. Le couloir en est un et un bon reflex m’évitera de prendre un gros bloc sur la tête. Mon casque me protège de plus petites chutes de pierres qui ne sont pas faites pour me rassurer ! L’arête finale est géniale. Je suis à califourchon avec le vide de chaque côté. Derrière Serge appréhende et se plaint que je ne mets pas suffisamment de points entre nous. Suis-je déjà trop confiant ?
On arrive au sommet. La vue est saisissante. On domine les 3 vallées (Vénéon, Valgaugemar et haute-Vallouise) et les emblématiques sommets des écrins, la barre des écrins, les Ailesfroides, le Pic sans Nom, le Pelvoux et aussi au loin le Mont Viso dont j’ai fait le tour en ski l’hiver dernier. A mon grand regret, nous ne restons que quelques minutes au sommet. J’aurais notamment aimé aller 20 m plus loin où est installé un véritable banc en bois ! Le temps est si bon que l’on se permet une pause repas en contrebas du sommet. La descente est longue et nous rejoignons la voiture après 14H40 et 1650m de dénivelé. C’est vrai que l’on s’est tout de même arrêté au refuge des Bans pour boire un verre en passant récupérer nos quelques affaires que nous avions laissées !

Vendredi : Ponteil

Le temps annoncé n’est pas terrible et la course de la veille nous a un peu entamé. On décide donc de faire une voie au Ponteil avec peu de marche d’approche, le « Surplomb jaune », D+, 180m 6a max, 5+ obligé. Je n’ai pas eu souvent l’occasion de faire des grandes voies, surtout en autonomie mais je me sens pourtant à l’aise en 2nd comme en tête si bien que je prends un réel plaisir grimper. C’est très ludique, chercher ses prises, le meilleur placement, l’itinéraire tout en assurant sa sécurité et tout cela dans un cadre magnifique au dessus de la vallée où s’écoule la Durance avec en arrière plan, le Mont Viso et l’Ubaye. La voie est aérienne et j’ai même quelques montées d’adrénaline en regardant le vide en bas. Nous prenons la pluie alors que je débouche en haut et faisons nos 4 rappels rapidement pour rejoindre le bas et la voiture. Sur le chemin du retour, nous restons quelques temps bloqués par les derniers coureurs du triathlon d’Embrun. Chapeau les gars ! De retour au centre de bonne heure, j’en profite pour aller flâner à Vallouise, magnifique village de la vallée avec son architecture restée très authentique. En traînant dans les librairies, je repère une flopée de bouquins de montagne que je dois absolument me procurer.

Samedi : Tête de Gaulent

Sur la Tête de Gaulent
Sur la Tête de Gaulent


Sylvain nous emmène aujourd’hui dans un coin très sauvage, superbe, pour faire la voie 4 du livre « Oisans nouveau/Oisans sauvage » partie Est de Jean-Michel Cambon : TD-, 180m, 5+/6a max, 5/5+ obligé. On avale les 500 m de dénivelé rapidement au prix d’une bonne suée jusqu’au pied de la voie où on laisse nos baskets et veste pour grimper « léger ». Cette voie est magnifique, variée, aérienne et un peu plus dur que la veille. Je m’amuse à passer les différentes dalles, cheminées et dièdres. Le rocher est excellent et permet de bonnes prises de pied.

Tête de Gaulent
Tête de Gaulent

Gaulent
On redescend en rappel jusqu’à nos affaires avant de rejoindre le départ à la cabane de Tramouillon. On boit un dernier verre à Argentière avant de prendre la route. Serge me dépose à Bourd d’Oisans où je prends une chambre pour la nuit dans un hôtel décoré de maillots cyclistes !

Dimanche : Le retour

Je prends le bus à Bourg d’Oisans, en face de l’hôtel pour Grenoble, puis le train pour Starsbourg. Et me voici dans le tram en direction de la gare d’Hoenheim. Il me reste plus que la balade le long du canal, le déballage du sac pour mettre à sécher les crampons et le reste et sortir les photos sur l’ordinateur pour revivre tous ces beaux moments de montagne en image !

Le groupe aux Bans
Le groupe aux Bans

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